« Dans l’œuvre de Silveri, l’exigence formelle est un processus narratif. On
y trouve des références artistiques explicites au suprématisme et au
néoplasticisme à travers l’utilisation de formes géométriques basiques
et d’à-plats de couleurs intenses : les ombres de Malévitch et de
Mondrian planent sur ces compositions d’une pureté radicale. Mais la
simplicité ici n’est qu’apparente car la lecture de ces tableaux n’est
jamais linéaire. Répétitions,
décalages, recouvrements, superpositions, contrastes, lumière tout y
est langage de disruption : chaque œuvre repose sur une équivoque, un
invisible immédiat qui ne s’impose jamais, juste le vacillement de nos
certitudes et l’inconfort créatif qui s'ensuit. Les
jeux géométriques et l’ordonnancement des couleurs, matières, matériaux
offrent un terrain propice à la multiplication des scénarios. La
réalité est subjective, fugace et ambiguë et cette vérité n’est jamais
mieux exprimée que dans l’abstraction qui renvoie à nos expériences
cognitives : la perception est une mobilisation de l’esprit et des sens
qui se fait dans l’instant présent. Les
compositions de Silveri sont des œuvres ‹ totales › dans lesquelles le
processus créatif repose sur une succession de parti pris artistiques
réfléchis et distinctifs : formats, matériaux, couleurs, techniques,
matières, mise en couleur, agencement ont un rôle et une intention
spécifiques dans la dynamique entre l’objet tableau et le sujet
spectateur. Si
le parti pris de l’abstraction est parfaitement assumé, l’intensité
émotionnelle y a toute sa place grâce au magnifique travail de la
couleur et de la lumière qui traversent l’ensemble de cette exposition
constituée des toutes récentes Fantaisies qui font écho à des tableaux plus anciens issus de la série Modification. » |